Work & the City : Je bulle, tu bulles, nous bullons : la folie des phonebox


Je bulle, tu bulles, nous bullons : la folie des phonebox

C'est le corollaire des open spaces, ils poussent comme des champignons : les bulles, les box, les cabines, les isoloirs, les booths. Rythmant les plateaux de leurs volumes feutrés, leur lumières tamisées et leur ventilation..à surveiller.

Ces micro-architectures ont le vent en poupe, en témoigne la flopée d'acteurs lancés sur ce produit ces dernières années, à l'international et en France. Nous faisons le point sur cette tendance et creusons les besoins profonds qu'elle révèle.

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L'économie des boîtes dans la boîte

C'est le segment du mobilier de bureau en vogue : d'après des analystes, le marché global des « office pods » était de l'ordre d'un demi-milliard de dollars en 2023 et devrait dépasser le milliard de dollars d'ici les années 2030, avec une croissance enviable de plus de 10% par an. Une bonne santé qui contraste avec le reste du secteur : en France, le marché total du mobilier de bureau a reculé de 3% en 2024, d'après l'Ameublement français.

Rien d'étonnant : le recours aux box serait bien plus économique sur le long terme que la construction de salles. L'acteur Framery a travaillé avec la société d'immobilier CBRE pour estimer ce gain : d'après leurs estimations, le coût d'une salle de réunion intégrée dans le bâtiment est de 55% supérieur à une box (mobilier) de taille équivalente.

Certes, une cabine est un produit onéreux au titre du mobilier de bureau (9990 € HT pour la "quattro" de la marque Work with island), mais son équivalent en dur, ce sont des coûts en travaux d'électricité, de connectique et de ventilation, mais aussi de cloisons, sols, peinture...sans oublier le mobilier et les équipements à installer dedans.

Réunions, le tsunami

Au-delà du gain économique, les box sont le reflet de l'immense part du travail collaboratif dans nos modes de travail. Déjà, les chercheurs Cross, Grant et Rebele affirmaient en 2016 que ce travail a bondi ces décennies, jusqu'à pouvoir atteindre 80% du temps de travail.

L'observatoire de l'infobésité et de la collaboration numérique dresse le portrait robot des réunions en France en 2025 : 14h par semaine, c'est le total cumulé des réunions auxquelles nous sommes invités. Des réunions qui durent en moyenne 1h34 et rassemblent de 2 à 10 personnes dans 54% de cas. Réunions qui se chevauchent, tunnels de réunions et réunions de dernière minute étant des maux courants.

Microsoft confirme : d'après son dernier Work Trend Index Annual report, 57% de nos réunions seraient montées "sur le pouce", sans invitation préalable. 16% d'entre elles déborderaient sur la soirée.

Les box répondent à ce phénomène en offrant gain de place (espaces plus petits = plus de salles) et équipement pour la visio (parfois un simple câble). D'après une étude réalisée par l'équipementier Jabra en 2023, 30% des salariés préfèrent d'ailleurs leur ordinateur plutôt que l'équipement d'une salle pour une visio, par manque d'aisance avec ces technologies.

Enfin, la spontanéité d'usage est aussi une force de ces box. Rares sont les entreprises qui imposent de les réserver (du moins pour les petits modèles), leur exiguïté empêchant l'utilisation prolongée.

Intimité, protection : le besoin de faire son nid

Le succès de cet éventail de mobiliers révèle autre chose : le besoin de repli, de cocon, de refuge.

Dans un monde de sollicitations constantes et à l'heure des grands plateaux ouverts, ces structures apparaissent comme autant de nids qui incarnent la théorie du "prospect/refuge" de Jay Appeleton : l'évolution a forgé chez les êtres humains une préférence pour les environnements qui nous offrent à la fois visibilité sur l'extérieur, et protection.

Dans nos bureaux contemporains – ouverts, lumineux, traversants – les box adressent ce besoin : un espace où se retirer sans se couper du collectif. Avec leurs matières feutrées, leur bois clair et leurs formes souvent arrondies, ils jouent sur les sentiments de confort et de tranquillité.

Une bulle hors connexion...la prochaine frontière ?

Reste à conquérir l'ultime aspect du cocon : la déconnexion. Un abri dans lequel baisser la garde, se reposer, lâcher les écrans. Car l'usage dominant des box reste l'ultra connectivité : appels, visio et échanges face à face.

De nombreux penseurs contemporains, de Bachelard à Vincent Coquebert en passant par Hartmut Rosa, mettent en avant l'importance de nos micro solitudes, choisies, intermittentes, qui ne sont pas en opposition au collectif mais qui nous permettent de mieux s'inscrire dans celui-ci. François Ascher, dans Métapolis ou l’avenir des villes (1995), évoque la manière dont l'individu s'arrange avec l’intensité urbaine en développant des pratiques de micro-retraits — casque au café, jogging solitaire.

Un cocon déconnecté au travail est bien plus qu’un objet fonctionnel : un espace d’intimité au bureau, une cabane pour se retrouver.

Du côté de Comme on travaille

🏆 Dix sessions ! C'est ce que nous venons de terminer pour l'un de nos clients : dix sessions de sensibilisation aux espaces ouverts et flexibles, à quelques mois d'un déménagement. Au programme : partage des fondamentaux du projet, quiz pour démêler le vrai du faux et immersion dans les situations du quotidien les plus sensibles en utilisant les outils du théâtre. Des moments forts d'apprentissage, d'expression et de cohésion qui nous auront permis de toucher 1/4 des effectifs concernés soit une centaine de salariés.

Si vous êtes en plein projet d'aménagement et que ce type de format vous intéresse, vous savez où nous trouver :)

Camille Rabineau & l'équipe de Comme on travaille

Cette newsletter vous est préparée par Comme on Travaille, cabinet d'aménagement des espaces de travail centré sur l'humain. Nous accompagnons les entreprises déterminées à faire de leurs projets d'aménagement des projets fédérateurs, en utilisant le co-design et l'intelligence collective. Si vous aimez nos analyses et souhaitez nous encourager, pensez à nous pour vos conférences, ateliers et accompagnements liés aux nouveaux modes de travail dans votre organisation ;)
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NB : nous utilisons l'IA générative désormais ponctuellement pour améliorer notre newsletter. L'idée originale, le plan proposé, et la rédaction sont les nôtres. Toute source proposée par l'IA est vérifiée afin de conforter la véracité des faits, chiffres et arguments exposés. Si vous souhaitez en savoir plus sur notre utilisation de l'IA, n'hésitez pas à nous écrire nous serons ravies !

Camille Rabineau - Comme on travaille - camille@commeontravaille.fr

Camille Rabineau

Urbaniste, experte des nouveaux espaces de travail, je partage dans ma newsletter Work & the City des perspectives sur l'évolution du bureau, des modes de travail et leurs impacts sur la ville.

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