Work & the City : Accompagner le changement, est-ce vraiment possible ?


Accompagner le changement, est-ce vraiment possible ?

"Tant qu'on ne l'a pas expérimenté, on ne peut pas se rendre compte" : tels sont les mots d'un de nos clients, le PDG d'une belle entreprise française, à propos des déménagements de bureau. Chez Comme on travaille, notre métier est pourtant d'adoucir le vécu des salariés confrontés à ces opérations en les écoutant, en les impliquant et en les faisant co-concevoir au maximum leurs futurs espaces.

Nous déployons une myriade d'actions, avec le même constat : avant le changement, les craintes sont toujours vives. Après le changement, la satisfaction est souvent au rendez-vous. Mais alors, est-ce utile (et possible) d'accompagner le changement ? Que valent les actions mises en place ? On vous partage nos lectures et retours d'expérience dans cette édition.

Bienvenue à nos nouveaux abonnés, arrivés grâce à notre étude "Bureau, l'âge de raison ?" On vous dit tout un peu plus bas si vous l'avez loupée.

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Accompagner le changement : paternalisme ou marque d'attention ?

Il y a deux façons de voir l'accompagnement du changement. On peut considérer que c'est une approche un poil infantilisante par laquelle les Directions d'entreprise tentent de faire passer la pilule d'une transformation non désirée par les salariés, dans l'esprit de ce que développe Laëtitia Vitaud dans cet article sur l'emploi du terme "pédagogie" dans un contexte professionnel. L'organisation du travail en entreprise laisse parfois si peu de place à l'initiative et à l'expression des individus qu'on comprend que ce soupçon pointe.

En parallèle, l'accompagnement du changement accorde du temps, des moyens, et des opportunités d'expression et d'écoute aux individus qui s'apprêtent à être touchés par un changement. Quelle que soit leur adhésion au projet concerné, accompagner le changement est une marque de reconnaissance, un élément clé de la qualité de vie au travail souvent limité à la reconnaissance des résultats et non pas de la personne elle-même, comme l'explique le psychologue. Ch. Nguyen. Et cette reconnaissance n'est pas superflue, car l'appropriation du changement, elle, est un mirage par nature.

Nous résistons aux changements que nous désirons le plus pour nous-mêmes

Une de nos lectures phares en matière d'accompagnement du changement est l'ouvrage Immunity to Change des chercheurs Robert Kegan et Lisa Lahey. Selon ces auteurs, il y a en nous une "immunité au changement", comme notre système immunitaire protège notre organisme des virus indésirables. Cette immunité nous empêche de mener à bien des changements que nous désirons pourtant : arrêter de fumer, reprendre le sport, mettre de l'argent de côté, etc. Qui n'a pas pris le plus sérieusement du monde une résolution de nouvel an, pour l'abandonner quelques jours plus tard ?

Kegan et Lahey l'expliquent : il y a du confort à rester dans une situation connue, et l'immunité au changement fait résonner très fort en nous des croyances sous-jacentes pour nous faire maintenir le statu quo (par ex : je veux passer moins de temps sur mon téléphone ? Et si je manquais un appel très important ?) De fait, le cerveau adore les routines. C'est grâce à elles qu'il peut se mettre en mode automatique pour un tas de tâches et concentrer ses efforts pour créer, innover, prendre des décisions, comme l'a démontré le prix nobel Daniel Kahnemann et son célèbre Système 1, système 2.

Savoir que le changement, même quand il est souhaité, est toujours un défi, aide à mettre en perspectives les changements des entreprises.

Se préparer, c'est déjà changer

"Jamais on avait autant accompagné le changement pour un projet" : ce compliment, on nous l'a fait il y a quelques semaines, à l'occasion d'un déménagement que Comme on travaille a accompagné durant près de trois ans. Ce projet impliquait un passage en Flex office poussé, avec une remise en question d'habitudes ancrées pour une partie des populations.

Quelles leçons retenir de cette expérience ? Qu'à court terme, avoir informé, écouté, aidé à se projeter, répété, répété, et répété facilite le jour J. Il y a peu de surprises, le stress de l'inconnu est allégé, les premiers pas sont fluides car la situation est banalisée (on pense aux techniques de "visualisation" qu'utilisent les sportifs de haut niveau), garantissant un retour rapide à l'activité. À court terme donc, oui, avoir accompagné le changement est un investissement qui produit un retour rapide et visible.

Mais l'accompagnement du changement n'est pas une baguette magique. Informer, écouter, aider à se projeter, etc. ne résout pas les failles d'un projet qui comporterait des erreurs profondes. L'accompagnement peut toutefois aider à corriger ces défaillances s'il se poursuit après le jour J. En ayant préalablement installé cette culture de communication à double-sens, on repère plus facilement les faiblesses, et on peut les corriger...avant que les nouvelles (mauvaises) habitudes ne soient prises.

Nouvelle rubrique : Dans le bureau de... Sean, avocat à Seattle

Cet été, nous avons accueilli une nouvelle recrue chez Comme on travaille. Monica est américaine, et nous adorons profiter de son regard international pour enrichir notre connaissance de nos sujets. Grâce à Monica, partons faire un tour du monde des bureaux ! Aujourd'hui : bureaux d'avocats et codes traditionnels sur les terres d'Amazon et Microsoft.

Sean, présentez-nous votre bureau !
Mon bureau est un mélange d'espaces ouverts et fermés. Les bureaux des avocats sont fermés, situés en périphérie du bâtiment. Il y en a une quarantaine. Leurs portes, de grandes portes en chêne, se ferment et se verrouillent. Les métiers support sont quant à eux rassemblés dans un open space. Nos salles de réunions disposent de grandes fenêtres vitrées donnant sur le hall d'accueil et nous avons une grande cuisine avec un coin repas."
Revenez-vous souvent au bureau aujourd'hui ? Qu’est-ce qui vous plaît le plus en venant ?
Je viens tous les jours au bureau. C'est bien d'avoir de la camaraderie avec des collègues, de pouvoir échanger des idées. J'aime aussi avoir accès à l'imprimante et au scanner de grande taille, et à d’autres ressources que je n’ai pas chez moi.
Qu'avez-vous à votre bureau que vous n'avez pas à la maison ? Un objet préféré ?
J'ai une poupée Chucky (!) et des œuvres d'art sur le thème de la voile que je regarde pendant les moments calmes. J'aime aussi avoir à disposition la gamme entière de Lacroix au frigo quand j'ai besoin de me désaltérer !" (une marque d'eau gazeuse aromatisée très prisée aux États-Unis, ndlr).

Du côté de Comme on travaille...

🛋️ Bureau, l'âge de raison ? C'est le titre de notre toute nouvelle étude, publiée avec notre partenaire architecte Yemanja. Alors que tout le monde ne parle que des transformations du bureau, nous avons voulu savoir ce que font concrètement ceux qui le réaménagent en passant 40 projets au peigne fin. À quel point le Flex office se développe-t-il ? L'espace individuel est-il encore au centre des réflexions ? Quels types d'espaces ont la cote ? Vous trouverez toutes les réponses dans notre rapport d'étude !

À la prochaine, Camille Rabineau & l'équipe de Comme on travaille

Cette newsletter vous est préparée par Comme on Travaille, cabinet de conseil spécialiste des nouveaux modes & espaces de travail. Nous accompagnons les entreprises déterminées à faire de leurs projets d'aménagement des projets humains, en utilisant le co-design et les outils de l'intelligence collective. Si vous aimez nos analyses et souhaitez nous encourager, pensez à nous pour vos conférences, ateliers et accompagnements de projets liés aux nouveaux modes de travail dans votre organisation !
Présentez-nous votre projet en prenant un RV téléphonique
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Camille Rabineau - Comme on travaille - camille@commeontravaille.fr

Camille Rabineau

Urbaniste, experte des nouveaux espaces de travail, je partage dans ma newsletter Work & the City des perspectives sur l'évolution du bureau, des modes de travail et leurs impacts sur la ville.

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